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Stéphan Le Doaré

Pourquoi faut-il repenser la start-up nation ?

Dernière mise à jour : 20 févr. 2023



Le World I.A. Forum 2023 ferme ses portes.

Suite à la conférence que j’y ai donné, de nombreuses personnes sont venues échanger leur point de vue. Que ressort-il de tout ça finalement ?


Ce salon rassemble le gratin de ce qui se fait de mieux en Intelligence Artificielle (I.A.)

On y croise Yann Le Cun, le vice-président de Meta qui dirige toute l’I.A. de Facebook, Gérard Medioni, vice-président d’Amazon ou encore Stuart Russel, célèbre professeur de science de l’université de Berkeley, Californie. Au détours d’une discussion, un robot à 4 pattes passe entre les visiteurs, on y teste des simulateurs de Rafale issus du gaming, etc… Bref, Cannes réussit à attirer ce qui se fait de mieux au niveau mondial pour discuter d’I.A. durant trois jours ! De nombreuses start-up étaient également présentes. Parcourant les allées, on voit l’univers prolixe qu’entraîne aujourd’hui l’I.A. dans son sillage. Il y en a pour tous les goûts, que ce soit pour la sphère professionnelle ou la sphère privée.

Et pourtant, pourtant, sans être défaitiste, je me suis alors dit que nous avions perdu cette bataille. Les USA ou la Chine ont emmagasiné tellement plus de données et, on le sait, la donnée est l’or noir de l’Intelligence Artificielle. La "data" est sa nourriture, celle qui permet à l’algorithme de devenir toujours plus performante.

D’ailleurs, le record de ChatGPT de plus de cent millions d’utilisateurs en moins de deux mois n’est pas tant de délivrer un algorithme déjà à l’étude dans de nombreux laboratoires de R&D mais bien d’avoir ouvert cet algorithme au monde entier en le plaçant sur internet. Et donc, au passage, de renforcer son algorithme à un rythme vertigineux.



Et nos start-up dans tout ça ? Une de leurs caractéristiques est simple. Les créateurs d’aujourd’hui veulent faire la grande bascule et propulser leur entreprise grâce aux levées de fond puis revendre pour encaisser un maximum. Et même si ce n’est pas dans l’ADN du créateur, si son produit peut faire de l’ombre à un géant tel que Meta, Google ou Alibaba, il sera tôt ou tard racheté, copié voire pire attaqué. Ainsi, la plupart des start-up françaises sont vouées à livrer leur génie (et leurs génies) aux puissances étrangères. Et comme toujours, nous serons les dindons de la farce. Je ne vous parle même pas de la gestion des post-docs, quasi impossible en France vu les eldorados étrangers et les ponts d’or proposés.


Alors que faire ?

D’abord, s’avouer que la bataille de la data est perdue. C’est le plus difficile. On pourra faire des règlements pour limiter la casse mais s’avouer ce fait est un pas important dans le processus.

Ensuite, penser que toute I.A. ne marche que grâce à l’énergie. C’est d’ailleurs une vraie différence avec l’humain : mettez un robot et un humain sur une île déserte, je parie sur la survie de l’humain, pas sur le robot.


S’ouvre alors un champ de possibles : redémarrer une filière de recherche sur l’énergie, mettre le paquet sur les technologies telles que les piles, les moteurs à hydrogène, etc, tout ce qui permet d’obtenir cette « démarcation produit » suffisante pour pouvoir prétendre à dominer le marché de l'I.A. du point de vue énergétique !

Du côté juridique aussi, des actions sont à mener. La protection des données et des brevets sont des priorités mais contrer l’hégémonie du droit américain dans le monde (et notamment le "cloud Act") est tout autant important pour éviter d’autres « Alstom-gate ».

Soyons aussi conscients que face aux Google et autres OpenIA ne pourront s'opposer que des entités de la taille d'un Etat. Nos start-up ne peuvent s'aligner et les grands groupes n'ont pas d'intérêt à développer l'éthique. D'autant que ces dernières ne maîtrisent pas les lois. Ainsi, seule une prise de conscience politique pourrait soutenir d'éventuels développements en Intelligence Artificielle, en protégeant différemment nos brevets, en canalisant la recherche et le développement algorithmique, en limitant la fuite des cerveaux, en modifiant la gestion des données par un RGPD 2.0, en modifiant au plus haut les aspects juridiques.

Enfin, les réseaux informatiques, les câbles sous-marin dont un gros noeud se trouve à Marseille sont aussi des éléments de contrôle dont nous pourrions, par l’innovation, tirer parti.


Alors, nous pourrions avoir de vraies cartes à jouer. Nous pourrions effectivement peser et contrôler un tant soi peu les I.A. spécialistes de l’envahissement de notre monde, de nos moeurs, de notre éthique.

La bataille des données est perdue, celle de l’Energie, celle du Droit, celle des Réseaux, ne le sont pas : il ne tient qu’à nous d’orienter la créativité de nos talents vers ce monde encore à découvrir…


Alors, toujours en mode start-up ?




Stéphan Le Doaré

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